2020-05-15T00:00:00Z
Le bureau du CNRS de Rio vous informe sur la situation au Brésil:
Le Brésil est le seul pays de la zone dont le gouvernement n’a pas de positionnement clair. À noter qu’en plus de la crise sanitaire et économique, le Brésil doit également faire face à une crise politique liée aux agissements et déclarations de son président Jair Bolsonaro (limogeage du ministre de la santé le 16 avril, démission du ministre de la justice le 24 avril). Les mesures pour contrer le coronavirus sont principalement prises par les gouverneurs des Etats, focus sur les deux plus gros États Rio de Janeiro et São Paulo qui sont les deux Etats les plus touchés :
L’État d’urgence de l’Etat de Rio initialement décrété le 17 mars a été prolongé jusqu’au 31 mai minimum. Cet état d’urgence implique l’interdiction des événements collectifs, la fermeture des lieux recevant du public, réduction de 50% des transports, l’interdiction d’interrompre les services essentiels (électricité, gaz etc…) dans le cas de non-paiement, etc. Pour les villes de l’État de Rio n’ayant déclaré aucun cas de coronavirus, l’isolement social peut être réduit. Le maire de Rio, Marcelo Crivella, a rendu obligatoire le port du masque depuis le jeudi 23/04.
À São Paulo l’état d’urgence avait été déclaré le 16 mars 2020, il a par la suite été prolongé plusieurs fois par le gouverneur d’État. Les mesures d’isolement social devrait durer, au moins jusqu’au 31 mai 2020. Le port du masque est devenu obligatoire depuis le 7 mai.
D’autres États présentent aujourd’hui un nombre de décès importants (Amazonas, Céara et Pernambuco) et une évolution de la maladie inquiétante.
Une mesure a été ratifiée par le congrès brésilien visant à donner 600R$ (pendant 3 mois) aux personnes les plus impactées économiquement par cette crise (les personnes les plus pauvres, les travailleurs informels etc … ).
Le président Jair Bolsonaro, s’est à plusieurs reprises exprimés contre confinement afin de “maintenir l’économie”. Le 16 avril dernier il a limogé son ministre de la santé Luiz Henrique Mandetta après que celui-ci ait pris, à plusieurs reprises, position contre son président (il était en faveur du confinement et émettait des réserves quant à l’utilisation de la chloroquine pour soigner les patients du Covid-19). Le nouveau ministre, Nelson Teich a pris ses fonctions ce même jour.
Depuis dimanche 10 mai, le Brésil est devenu le 7ème pays au monde avec le plus de personnes infectées par le coronavirus et le 6ème en nombre de morts. C’est également l’un des pays où le taux de contagion est le plus fort : chaque brésilien infecté contamine en moyenne 2,8 personnes (contre 0,98 aux États-Unis et 0,8 en Allemagne). Le Brésil est d’ores et déjà l’épicentre de la pandémie en Amérique du Sud et pourrait rapidement devenir l’épicentre mondial de la crise.
Le Brésil compte actuellement 162 669 cas confirmé et 11 123 morts. Le fort taux de mortalité (près de 7%) est, selon les spécialistes, une preuve de la sous-notification des cas qui pourraient être 8 à 10 fois plus élevés sur le territoire.