Contexte et évolution
- Historiquement, le Brésil était un pays jeune avec peu de seniors. La protection sociale était limitée à une minorité de travailleurs urbains formels.
- La Constitution de 1988 a universalisé la protection sociale pour les personnes âgées, incluant les anciens travailleurs ruraux non cotisants.
- Le vieillissement rapide de la population est un défi majeur : les seniors représentaient 16,5% de la population en 2024 (35 millions) et devraient atteindre 65,5 millions dans 25 ans.
Systèmes de retraite actuels
- Le régime général, géré par l’INSS, couvre 34,4 millions de bénéficiaires, financé par la répartition (cotisations des actifs financent les retraités).
- 5 millions de retraités publics sont couverts par des régimes spéciaux plus avantageux, notamment pour les fonctionnaires fédéraux, territoriaux, et militaires.
- Les militaires peuvent partir à la retraite après 35 ans de service, souvent avant 55 ans, avec une pension égale à leur dernier salaire, bénéficiant ainsi d’un régime très favorable.
- Il existe aussi des régimes complémentaires privés fondés sur la capitalisation, surtout pour fonctionnaires, salariés de grandes entreprises, et épargnants individuels.
Problèmes majeurs
- Les dépenses augmentent plus vite que les recettes depuis 30 ans. En 2023, les dépenses de l’INSS représentaient plus de 8% du PIB.
- Les déficits croissants sont financés par l’endettement public.
- Les inégalités sont fortes : les régimes publics spéciaux et militaires bénéficient de pensions beaucoup plus élevées que la majorité des retraités du secteur privé.
- Les recettes ne suivent pas la montée rapide des dépenses en raison de la croissance de l’économie informelle et de la stagnation du nombre de cotisants salariés formels (seulement 40,8% de la population active).
Tentatives de réforme et perspectives
- La réforme de 2019 a instauré un âge minimum (62 ans femmes, 65 ans hommes) et un mode de calcul moins avantageux, notamment pour le secteur privé. Mais elle n’a pas touché les militaires ni corrigé les inégalités structurelles.
- Le déficit du régime général pourrait atteindre 5% du PIB en 2050 si aucune nouvelle réforme n’est menée.
- La réforme à venir devra impérativement aligner les régimes spéciaux sur le régime général, éliminer les privilèges et indexer différemment les prestations (désindexation du salaire minimum notamment).
- Il faudra aussi repenser le financement des retraites pour les travailleurs indépendants, auto-entrepreneurs et ruraux, peu ou pas cotisants.
Modèles alternatifs possibles
- Les systèmes uniquement par répartition montrent leurs limites.
- L’exemple chilien, système 100% capitalisation, n’a pas donné satisfaction à tous.
- La Suède propose un modèle hybride combinant répartition et capitalisation individuelle, garantissant un revenu minimal et responsabilisant l’individu dans son épargne.
- L’OCDE conseille ce type de modèle hybride pour les pays émergents comme le Brésil, confrontés à un vieillissement rapide et à de fortes inégalités.
Conclusion
- Le système actuel est financièrement insoutenable et inégalitaire.
- Une réforme radicale est indispensable avant la fin de la décennie pour éviter une crise financière majeure.
- Le prochain gouvernement élu en 2026 aura la responsabilité de relever ce défi.
- Il faudra à la fois abolir les privilèges, adapter le système aux nouvelles formes d’emploi et développer une culture de l’épargne pour le troisième âge.
- L’État doit garantir un revenu minimum, tandis que la capitalisation privée sera encouragée pour compléter.
En résumé, le Brésil doit profondément réformer son système de retraites face à un vieillissement rapide, une structure démographique changeante, des inégalités fortes entre régimes, et un système financier qui accumule déficits et dettes. L’avenir paraît dans un modèle hybride combinant solidarité publique et épargne individuelle.