La chute inexorable de Jair Bolsonaro : quand le trumpisme devient un piège

La trajectoire politique de Jair Bolsonaro s’apparente désormais à une descente aux enfers méthodiquement orchestrée par ses propres erreurs stratégiques. L’ancien président brésilien, jadis figure de proue de l’extrême droite latino-américaine, voit aujourd’hui son destin politique se sceller sous le poids d’accusations accablantes et de choix tactiques pour le moins discutables.

Les griefs qui pèsent contre lui dessinent le portrait d’un homme politique ayant franchi les lignes rouges de la démocratie : tentative de coup d’État, complot contre les institutions, et même tentative d’assassinat. Un arsenal judiciaire qui aurait pu, en d’autres circonstances, être combattu avec habileté sur le terrain politique national.

Pourtant, Bolsonaro a choisi la fuite en avant la plus préjudiciable qui soit : se réfugier dans l’ombre protectrice de Donald Trump. Cette décision révèle une mécompréhension fondamentale de l’âme brésilienne et de ses ressorts patriotiques. Car si l’admiration pour le modèle trumpiste avait pu séduire une partie de son électorat, l’allégeance explicite à un dirigeant étranger hostile aux intérêts économiques du Brésil transforme cette stratégie en poison politique.

Le paradoxe est saisissant : en s’acoquinant avec un Trump ouvertement antagoniste envers le commerce brésilien et jaloux du système de paiement Pix, Bolsonaro a commis l’irréparable aux yeux de ses compatriotes. Il a franchi la ligne qui sépare l’opposition politique de la trahison nationale.

Cette mutation d’ancien président en vassal d’une puissance étrangère heurte profondément la fierté brésilienne, sentiment que Bolsonaro semble avoir dramatiquement sous-estimé. L’histoire du Brésil, marquée par les cicatrices de la dictature militaire, a forgé une population particulièrement sensible aux atteintes à la souveraineté nationale.

Les manœuvres de son fils depuis les États-Unis, tentant désespérément d’infléchir le cours de la justice brésilienne par l’entremise de réseaux d’influence américains, ne font qu’aggraver cette perception de haute trahison. Ce qui peut paraître naturel dans l’univers politique trumpiste - le mensonge stratégique, les alliances de circonstance, la manipulation de l’opinion - devient intolérable lorsqu’il s’agit de l’honneur national brésilien.

L’ironie de cette déchéance réside dans son caractère évitable. Si Bolsonaro et ses proches ont cru pouvoir reproduire au Brésil les méthodes qui ont permis à Trump de résister à la justice américaine, ils ont commis une erreur d’appréciation majeure. Le Brésil de 2025 n’est plus celui des années de plomb où Washington pouvait impunément soutenir des dictatures complaisantes.

En choisissant Trump comme bouclier juridique et politique, Bolsonaro a paradoxalement choisi le pire des alliés pour sa cause. Cette alliance contre-nature ne fait qu’accélérer sa chute et confirmer, aux yeux de l’opinion brésilienne, sa transformation d’homme d’État en simple pion d’intérêts étrangers.