Jair Bolsonaro impliqué dans la tentative de coup d’État après les élections présidentielles de 2022

Les événements récents au Brésil sont d’une gravité exceptionnelle. Jair Bolsonaro, l’ancien président, est fortement soupçonné d’avoir orchestré un plan de coup d’État visant à mettre fin à la démocratie dans le pays. Ce plan incluait, selon les informations révélées, des projets d’assassinats visant le président élu Luiz Inácio Lula da Silva ainsi que le président du Tribunal fédéral.

Le Brésil, il faut le rappeler, a toujours été une démocratie fragile, avec une dictature militaire qui n’a pris fin qu’en 1985. La tentation de renouer avec ce type de régime autoritaire n’a jamais complètement disparu de son histoire. On aurait pu penser qu’à l’époque moderne, ce genre de menace appartiendrait au passé. Mais il n’en est rien, et les preuves accablantes s’accumulent.

Des conversations audio enregistrées montrent sans équivoque la planification détaillée de ce coup d’État par l’entourage de Bolsonaro, incluant l’éviction violente des nouveaux dirigeants démocratiquement élus, à l’automne 2022. Ces révélations ont un côté surréaliste.

Cela fait écho à l’air du temps. Aux États-Unis, Donald Trump n’a certes pas planifié d’assassinats, à ma connaissance, mais il a incité à l’assaut sur le Capitole, un acte tout aussi grave dans une démocratie. Bolsonaro, inspiré par le mandat de Trump, semble avoir perdu pied à l’idée de sa défaite en 2022, au point d’imaginer un plan aussi sinistre.

Voici donc les nouvelles du jour en provenance du Brésil.

La Police fédérale, dans son rapport final, détaille le rôle présumé de chacun des 37 accusés dans l’enquête sur la tentative de coup d’État supposée après les élections présidentielles de 2022. Selon ce document, Jair Bolsonaro aurait joué un rôle central dans l’organisation criminelle, planifiant, exécutant et contrôlant directement les actes visant à abolir l’État de droit démocratique. L’ancien président, cependant, nie toute implication.

Les preuves présentées indiquent que, dès 2019, le groupe accusé aurait propagé une fausse narration sur des vulnérabilités et des fraudes dans le système électoral. Cette stratégie aurait deux objectifs principaux : justifier la défaite de Bolsonaro aux urnes et soutenir des actions comme les mobilisations devant les casernes, la tentative d’invasion du siège de la Police fédérale le jour de l’investiture de Lula, ainsi qu’un plan présumé pour assassiner des autorités élues et le juge Alexandre de Moraes. Le coup aurait été prévu pour le 15 décembre 2022, avec l’arrestation et l’exécution de Moraes, suivies de la création d’un cabinet de crise dirigé par les anciens ministres Braga Netto et Augusto Heleno.

Bolsonaro, dans sa défense, a qualifié ces accusations d’absurdes et a écarté toute possibilité de coup d’État, ridiculisant l’idée qu’il puisse être organisé par « des généraux à la retraite et une poignée d’officiers ». Sur les réseaux sociaux, le général Braga Netto a précisé que les documents inclus dans l’enquête, retrouvés chez un de ses collaborateurs, se limitaient à des notes et des articles utilisés pour préparer des commissions parlementaires d’enquête. Il a également souligné que ce collaborateur n’a pas été visé par une perquisition.

La défense d’Augusto Heleno a choisi de ne pas s’exprimer, tandis que celle de l’amiral Garnier Santos a affirmé son innocence. Les autres accusés n’ont pas répondu aux sollicitations pour commentaires.

Face à l’étau judiciaire qui se resserre inexorablement autour de sa personne, l’ancien président Bolsonaro nous offre un spectacle aussi navrant que révélateur. Dans un exercice d’opportunisme politique particulièrement maladroit, il tente de s’approprier la récente décision américaine concernant Donald Trump pour échafauder sa propre échappatoire.

Sa proposition d’une loi d’amnistie, présentée sous le vernis fallacieux d’une « pacification nationale », constitue en réalité un aveu à peine voilé de sa culpabilité. Car enfin, pourquoi solliciter le pardon si l’innocence est totale ? Cette démarche, aussi désespérée que transparente, nous livre en creux le portrait d’un homme aux abois, qui, tel un funambule privé de son balancier, tangue dangereusement entre proclamations d’innocence et recherche effrénée d’impunité.

L’ironie de sa situation n’échappe à personne : alors que le Brésil vit une période de relative sérénité – exception faite des soubresauts agités de ses partisans les plus radicaux – c’est précisément lui qui, par ses manœuvres désordonnées, trouble cette tranquillité. Le peuple brésilien, dans sa sagesse collective, manifeste une détermination tranquille à voir la justice suivre son cours, condition sine qua non du fonctionnement démocratique.

Le spectacle qu’offre aujourd’hui l’ancien président évoque irrésistiblement l’image d’un animal pris dans les phares d’une voiture, tournoyant frénétiquement à la recherche d’une issue qui se dérobe. Cette figure jadis autoritaire se trouve réduite à l’état de symbole d’une déchéance politique consommée, incarnant désormais ce que la démocratie brésilienne refuse catégoriquement de redevenir.

Ce qui se joue ici dépasse le simple cas personnel de Bolsonaro : c’est l’affirmation qu’en démocratie, nul ne saurait échapper aux conséquences de ses actes, fût-il ancien président. Sa confusion apparente, oscillant entre dénégations et recherche d’amnistie, ne fait que souligner l’inexorable progression de la justice vers son but : l’établissement de la vérité et la préservation des institutions démocratiques.