EMIGRER au Brésil : un entretien SINCERE avec une Française | Céline Chevallier

Mon cerveau ne comprend pas, mais j’étais touriste.

Je vais être extrêmement honnête avec vous, de manière totalement improvisée. Bonjour à tous ! J’espère que vous allez bien. Bienvenue dans cette nouvelle vidéo. Les Français se lavent. Je m’appelle Céline, et aujourd’hui, ce sera encore une discussion où j’aimerais partager avec vous mon expérience en tant que Française au Brésil : ce que cela signifie de quitter son pays, la France, pour venir vivre au Brésil. Et, par extension, ce que cela implique de laisser derrière soi ce que l’on connaît pour partir vers un endroit inconnu, se réinventer, s’adapter, et tout le reste.

Un départ improvisé La première chose, un peu importante, à comprendre, c’est que je suis venue au Brésil de manière totalement imprévue. Ce fut une décision soudaine, comme presque tout ce que je fais, d’ailleurs. À l’époque, cela me semblait être la solution aux difficultés que je traversais. Quand j’ai décidé de m’installer au Brésil, j’étais en vacances à Brasília. J’étais là pour passer Noël avec la famille de mon ex-mari.

Et un jour, j’ai dit : « Non, on va vivre ici. » Alors, je suis rentrée en France seule pour démissionner, quitter mon appartement, tout ce que j’avais, et écrire les derniers articles que je devais encore rendre aux magazines. J’ai passé deux mois et demi seule en France. J’ai prévenu ma famille que je partais m’installer au Brésil. « Salut, je viens juste régler ce que j’ai à régler, et ensuite je m’en vais de l’autre côté de l’Atlantique. Au revoir. »

J’avais laissé mon chat, Spoutnik, chez mon père le temps de m’organiser au Brésil. J’allais arriver là-bas avec mon chat, sans aucune préparation. Bref, ce fut vraiment quelque chose de non réfléchi, de non planifié, de non organisé. Et me voilà dans l’avion pour le Brésil, pour de bon, que je le veuille ou non.

Un choc rétrospectif Sur le moment, on ne réalise pas toujours, emporté par l’euphorie, la nouveauté, l’adrénaline de l’aventure. Mais en y repensant, c’est sûr : à un moment donné, votre cerveau ne comprend pas ce qui est en train de se passer. Votre corps non plus. Moi, je ne m’en suis pas rendu compte sur le moment, mais cette façon de faire — que je ne recommande à personne — m’a ensuite posé problème. Cela a clairement rendu mon adaptation au Brésil plus difficile.

L’adaptation : entre merveilles et défis Évidemment, il y a eu des choses formidables : la nouveauté, les nouvelles rencontres, les Brésiliens, chaleureux et accueillants. Pour moi, ce fut aussi une vraie opportunité de recommencer ma vie. C’était exactement ce que je cherchais. Mais les difficultés que j’ai rencontrées au Brésil, je dirais qu’elles sont de deux ordres.

1. Le choc culturel La différence culturelle est énorme. On ne se comporte pas en France comme on se comporte au Brésil, et vice versa. Je ne dirai jamais que c’est mieux en France ou mieux au Brésil, peu importe. Il existe simplement des façons différentes de vivre, de se comporter, de parler, de manger, d’écouter de la musique, de s’engager, de travailler… Et elles sont différentes au Brésil et en France.

Quand je suis arrivée au Brésil, je n’étais pas préparée. J’étais déjà venue pour me marier, mais j’étais touriste. Quand on est touriste, ces différences ne sont que des curiosités. Mais quand on s’installe, quand on se dit « Je vais peut-être passer le reste de ma vie ici, ou au moins plusieurs années », c’est une autre histoire. Il faut s’adapter tous les jours, dans les moindres détails. Par exemple, la façon de garer sa voiture, de commander de l’eau au restaurant, ou d’attendre qu’un serveur vienne vous servir — j’ai attendu une demi-heure avant de comprendre qu’il fallait l’appeler. En France, c’est différent. Ce sont des petites choses qui semblent anodines, mais quand elles s’accumulent toute la journée, c’est épuisant. Et c’est là que le stress et l’anxiété s’installent, avec cette surcharge d’adaptation permanente.

2. L’isolement Je n’avais pas vraiment d’endroit sûr où me confier. Ma famille était en France, et mes amitiés ici étaient nouvelles. J’avais peu de personnes vers qui me tourner. Cette sensation d’être seule face à tout cela a probablement amplifié mes difficultés.

Pour être concrète, j’ai perdu le sommeil en arrivant au Brésil. J’ai même commencé à faire de l’insomnie. Je ne critique pas le Brésil — je vois déjà les commentaires « Retourne dans ton pays pour dormir ». Non, je ne dormais déjà pas très bien en France. Mais cette préoccupation constante a commencé à perturber mon sommeil.

Le Brésil est un pays dur, où l’on n’a pas les mêmes ressources qu’en France. Si quelque chose ne va pas, tout peut rapidement devenir un gros problème. Par exemple, quand ma grand-mère est tombée malade et que l’hospitalisation a coûté 40 000 réaux, cela m’a provoqué une angoisse terrible. Pourtant, j’ai découvert peu à peu que le Brésil est aussi un pays formidable.

Un mariage difficile En parallèle, j’ai aussi eu des problèmes dans mon mariage. Ce n’était pas facile, mais je suis restée. Pourquoi ? Je vais être franche : par orgueil. J’avais tout quitté en France. Je devais prouver au monde que ça allait marcher. J’ai insisté. Je ne le regrette pas, même si une personne plus sensée serait peut-être rentrée.

L’éloignement progressif Avec le temps, les contacts avec la France, mes amis, ma famille, se sont raréfiés. C’est une réalité. Dans le quotidien d’un pays, il est difficile de maintenir un lien régulier et profond. Au début, je ne gagnais pas beaucoup d’argent. Je suis arrivée avec un peu d’argent, que j’ai tout investi dans une vieille voiture qui est tombée en panne peu après. J’ai commencé à donner des cours pour 10, 15, 20 réaux de l’heure. Cela ne me permettait pas de retourner souvent en France.

Et puis, il y a cette douleur : retourner dans son pays d’origine et réaliser que les gens ne connaissent plus ta vie. Ils ne savent pas ce que tu vis, ils ne connaissent pas ton appartement, tes amis, ta réalité. Comme ils ne connaissent pas la culture brésilienne, ils n’ont pas accès à ton monde. C’est comme si, soudain, ces personnes ne te connaissaient plus. On ne peut plus partager avec eux ce qu’on vit, car c’est trop différent pour qu’ils puissent l’imaginer.

Je ne dis pas cela de manière exagérée, mais c’est une barrière qui se crée. À part quelques exceptions, comme ma mère, qui a toujours suivi ce que je faisais sur YouTube et les réseaux sociaux, qui est venue ici et s’est liée d’amitié avec mes élèves. Elle est la personne qui comprend le mieux ma vie au Brésil. Mais pour les autres, à un moment, je n’ai plus pu partager mon expérience, ce que je ressentais. Nous nous sommes éloignés. Je ne suis pas la seule responsable, c’est vrai. J’ai choisi de prendre un vol de Paris à Brasília et de changer de pays. Pourtant, parfois, les gens restent dans leur réalité et ne s’intéressent pas forcément à ce que tu vis.

Une transformation profonde Ce qui est intéressant, c’est que les gens, quand je retourne en France, me voient encore comme avant. Il y a 14 ans que je vis au Brésil — imaginez comme j’ai changé ! Heureusement, j’ai évolué, j’ai grandi. Changer de pays transforme une personne, et le Brésil m’a fait du bien. Il m’a apporté des amitiés profondes, surtout au moment de mon divorce. Ces personnes sont devenues ma famille ici.

Aujourd’hui, quand je retourne en France, je vois beaucoup moins de monde qu’avant. Le temps a fait son tri, mais ceux que je vois sont des amis dont l’amitié a résisté à tout. Quand j’y retourne, je redécouvre mon pays avec un regard neuf. Je remarque des choses auxquelles je ne prêtais pas attention avant : l’architecture, des détails que je sous-estimais.

Ni française, ni brésilienne… ou les deux ? Un jour, dans l’avion pour la France, je réfléchissais trop. « Putain, je suis étrangère en France, je ne suis plus vraiment française… et en même temps, je ne suis pas brésilienne, je ne le serai jamais. J’aurai toujours mon accent, mes manières françaises. Alors, qui suis-je ? » À ce moment-là, j’ai regardé l’écran de suivi du vol : l’avion était exactement au milieu de l’Atlantique, à mi-chemin entre le Brésil et la France. « C’est là que je suis, ai-je pensé. C’est là, mon endroit : au milieu de l’Atlantique. » Il faut que j’accepte cela.

Ma vie ici est un mélange : 95 % du contenu que je consomme — vidéos, livres, actualités — est en français. Mais quand je suis avec des amis français et brésiliens, je préfère parler portugais. J’aime cette langue, même si je fais des erreurs.

Aujourd’hui Aujourd’hui, je me sens très bien au Brésil. Je ne me vois pas retourner vivre en France, même si j’aimerais peut-être y passer un an, surtout pour ma fille de 5 ans. Mais on verra.

Voilà, j’ai beaucoup parlé. J’ai essayé d’être la plus transparente possible, de montrer le bon comme le moins bon, car rien n’est tout blanc ou tout noir.

Merci d’avoir partagé ce moment avec moi. Je vous dis à bientôt pour une prochaine vidéo ! Bisous.