Campagne AMAZOMIX : Etude des processus physiques et de leurs impacts sur l'écosystème marin à l'embouchure de l'Amazone

Une équipe pluridisciplinaire de 17 chercheurs français et brésiliens embarquera du 27 août au 8 octobre à bord de l’ANTEA, un navire de la flotte océanographique française exploité par l’Ifremer. Au départ de Cayenne, en Guyane française, le navire naviguera vers les eaux brésiliennes et parcourra plus de 6 000 km jusqu’à l’embouchure du fleuve Amazone pour étudier l’impact des courants, du panache de l’Amazone et des processus de turbulence sur le fonctionnement de l’écosystème marin.

Cette campagne, appelée AMAZOMIX, traversera le plateau continental pour étudier l’impact des courants, des processus de panache et de turbulence sur la structure et le fonctionnement des écosystèmes marins d’un point de vue physique, biogéochimique et biologique. L’expédition vise également à retracer l’origine et la distribution des polluants, des métaux lourds et des microplastiques, et à déterminer leur rôle dans le réseau trophique.

Quelle est la biodiversité à l’embouchure de la rivière ? Quelle est l’influence des raz-de-marée sur cet écosystème ? Bien que le fleuve Amazone apporte une quantité considérable d’eau et de sédiments aux océans, son embouchure est peu étudiée et de nombreux aspects restent inconnus : la biodiversité, des bactéries aux prédateurs, est mal connue ; malgré les eaux turbides, on trouve des récifs coralliens de manière encore inexpliquée ; outre l’impact direct du débit du fleuve Amazone, les marées génèrent des vagues très énergétiques, dont les conséquences sur l’écosystème sont mal décrites. Enfin, une question concerne la connectivité des espèces dans l’Atlantique tropical : la région des Caraïbes est la plus riche en biodiversité, et l’une des hypothèses est que le panache de l’Amazone, qui s’étend jusqu’à 3 000 km de l’embouchure du fleuve, constituerait une barrière pour certains organismes.

À cette fin, des scientifiques issus de plus de vingt domaines de connaissances axés sur la physique, la biogéochimie et la biologie, dirigés par Ariane Koch-Larrouy (UMR LEGOS) sur terre et Arnaud Bertrand (UMR MARBEC) en mer, parcourront plus de 6, 000 km pour collecter des données sur les compartiments abiotiques - physiques et chimiques - et biotiques - du phytoplancton aux grands poissons - à l’aide de divers outils (acoustique, optique, capteurs de turbulence, sous-marins autonomes, mouillages profonds, filets à plancton et chaluts). Les échantillons biologiques seront soumis à diverses analyses (isotopiques, génétiques, etc.) et la concentration de polluants, tels que les métaux lourds ou les microplastiques, sera également mesurée.

Le navire fera deux escales à Cayenne, en Guyane française, les 13-14 et 28-30 septembre, et un débarquement à Porto Vigia, près de Belem, le 26 septembre, pour décharger les échantillons biologiques. En mer, le 30 août, AMAZOMIX croisera la route de la goélette de la Fondation TARA Océan dans son voyage à travers l’Amérique latine et les Caraïbes pour une collaboration scientifique : un protocole commun permettra aux deux équipes d’augmenter la couverture spatio-temporelle et la quantité d’échantillons collectés.

Une coopération franco-brésilienne de longue date

Outre les scientifiques embarqués, AMAZOMIX dispose de toute une équipe qui restera à terre : au total, environ 70 chercheurs du Brésil, de France et d’autres pays sont impliqués dans la campagne, qui jouera également un rôle de formation par la recherche pour une cinquantaine d’étudiants internationaux. AMAZOMIX est le résultat d’un long effort fédérateur basé sur de nombreux projets financés, dont le projet européen TRIATLAS, et articulé par le LMI TAPIOCA (IRD, UFPE, UFRPE). Il est également à noter que l’analyse des données collectées sera réalisée conjointement par les différents partenaires et que les résultats seront partagés.