Briefing Doc : L’empreinte idéologique de la politique étrangère brésilienne sous Lula
Source : Extrait de l’article « Lula, le Brésil et le monde (1). Généalogie d’une diplomatie. », publié sur le site IstoéBrésil, par Jean-Yves Carfantan.
Thème principal : L’article analyse les origines et l’influence de la vision géopolitique qui guide la politique étrangère du Brésil sous le troisième mandat de Lula, mettant en lumière son ancrage idéologique dans le marxisme-léninisme et l’anti-impérialisme hérités de la guerre froide.
Idées et faits importants :
- Une diplomatie influencée par le passé : L’auteur souligne le rôle prépondérant de Celso Amorim, conseiller spécial aux relations internationales et figure de la gauche brésilienne, dans la définition de la politique étrangère actuelle. Il affirme que « Amorim est le grand concepteur de cette étrange politique extérieure menée par le Brésil depuis janvier 2023 », reléguant le ministre des Affaires Etrangères, Mauro Vieira, au rang de simple exécutant.
- Une vision binaire du monde : La politique étrangère brésilienne se base sur une vision du monde datant de la Guerre Froide, opposant « les opprimés du Sud » aux « oppresseurs du Nord ». Cette vision est décrite comme « exceptionnellement résistante aux faits, à la complexité du réel, aux changements observés dans la vie économique, sociale et politique ».
- L’influence de la Guerre Froide sur le PT : L’article retrace la genèse du Parti des Travailleurs (PT), marqué dès sa création par un anti-américanisme et un soutien financier de Cuba et de syndicats socialistes occidentaux. L’auteur souligne que « Ces soutiens n’ont jamais été dévoilés par le Parti de Lula et par la CUT mais ont pu être vérifiés par de nombreux enquêteurs indépendants ».
- Immobilisme idéologique : Malgré la chute du mur de Berlin et l’effondrement du bloc soviétique, le PT n’a pas revu ses positions. L’auteur note que « la fin des régimes communistes en Europe ne provoquera donc pas au sein du PT une sorte de ‹ Bad Godesberg ›. Il n’y aura ni inflexion vers un projet social-démocrate compatible avec l’économie de marché, ni affirmation d’un attachement sans faille à la démocratie libérale et à l’Etat de droit. »
- Le rôle de Marco Aurélio Garcia : L’auteur met en avant la trajectoire de Marco Aurélio Garcia, figure intellectuelle du PT et conseiller aux affaires étrangères de Lula pendant 13 ans. Garcia, marqué par son exil et ses liens avec des réseaux militants socialisants et communisants, a joué un rôle crucial dans le développement des relations du PT avec des partenaires étrangers et la création du Forum de São Paulo, plateforme réunissant des partis de gauche et d’extrême-gauche latino-américains.
- Un rapprochement avec des régimes autoritaires : L’article pointe du doigt le rapprochement du Brésil avec des régimes comme le Venezuela de Chavez, Cuba de Castro et l’Iran des mollahs, sous l’impulsion de Garcia.
- Une diplomatie controversée : L’auteur s’interroge sur la pertinence de cette politique étrangère, la qualifiant d’« étrange » et s’inquiétant de son éloignement du camp occidental, notamment dans le contexte du retour potentiel de Donald Trump à la tête des Etats-Unis. Il conclut en demandant : « Est-ce son intérêt ? Est-ce la bonne voie alors que les années à venir vont être marquées sur le continent américain par le retour de D. Trump à la tête des Etats-Unis ? Est-ce un choix qui correspond aux aspirations des Brésiliens ? »
Conclusion : L’article dépeint une politique étrangère brésilienne sous Lula fortement influencée par une vision idéologique datant de la Guerre Froide et menée par des figures clés du PT ayant tissé des liens étroits avec des régimes autoritaires. L’auteur s’interroge sur la compatibilité de cette diplomatie avec les intérêts du Brésil et son positionnement futur sur la scène internationale.
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